1435. La victoria de Guernica, Paul Éluard

La victoria de Guernica.

(Traducción de Gabriela Astorga e Iván Cruz)

I

Bello mundo de miserias
De la noche y los campos

II
Rostros benignos en llamas rostros benignos en el fondo
Que rechazan la noche las injurias y los golpes

III
Rostros benignos para todo
He aquí el vacío que los fija
Su muerte servirá de ejemplo

IV
La muerte corazón derrumbado




V
Ellos los harán pagar el pan
El cielo la tierra el agua el sueño
Y la miseria
De su vida

VI
Ellos dijeron anhelar la benigna inteligencia
Ellos restringieron a los fuertes juzgaron a los locos
Practicaron la caridad partían un centavo en dos
Ellos saludaban a los cadáveres
Ellos derrochaban amabilidad

VII
Ellos persisten ellos se exceden ellos no son de nuestro mundo

VIII
Las mujeres los niños tienen el mismo tesoro
De hojas verdes de primaveras de leche pura
Intacto
En sus limpios ojos

IX
Las mujeres los niños tienen el mismo tesoro
En los ojos
Los hombres lo defienden como pueden

X
Las mujeres los niños tienen las mismas rosas rojas
En los ojos
Cada uno muestra su sangre

XI
El miedo y el coraje de vivir y de morir
La muerte tan difícil y tan fácil

XII
Hombres para quienes este tesoro fue cantado
Hombres para quienes este tesoro fue arruinado

XIII
Hombres reales por quienes la desesperanza
Alimenta el fuego devorador de la esperanza
Abramos juntos el último botón del porvenir

XIV
Parias la muerte la tierra y el horror
De nuestros enemigos tiene el color
Monótono de nuestra noche
Nosotros tendremos razón

La victoire de Guernica

I

Beau monde des masures
De la nuit et des champs

II

Visages bons au feu visages bons au fond
Aux refus à la nuit aux injures aux coups

III

Visages bons à tout
Voici le vide qui vous fixe
Votre mort va servir d'exemple

IV

La mort coeur renversé

V

Ils vous ont fait payer le pain
Le ciel la terre l'eau le sommeil
Et la misère
De votre vie

VI

Ils disaient désirer la bonne intelligence
Ils rationnaient les forts jugeaient les fous
Faisaient l'aumône partageaient un sou en deux
Ils saluaient les cadavres
Ils s'accablaient de politesses

VII

Ils persévèrent ils exagèrent ils ne sont pas de notre monde

VIII

Les femmes les enfants ont le même trésor
De feuilles vertes de printemps et de lait pur
Et de durée
Dans leurs yeux purs

IX

Les femmes les enfants ont le même trésor
Dans les yeux
Les hommes le défendent comme ils peuvent

X

Les femmes les enfants ont les mêmes roses rouges
Dans les yeux
Chacun montre son sang

XI

La peur et le courage de vivre et de mourir
La mort si difficile et si facile

XII

Hommes pour qui ce trésor fut chanté
Hommes pour qui ce trésor fut gâché

XIII

Hommes réels pour qui le désespoir
Alimente le feu dévorant de l'espoir
Ouvrons ensemble le dernier bourgeon de l'avenir

XIV

Parias la mort la terre et la hideur
De nos ennemis ont la couleur
Monotone de notre nuit
Nous en aurons raison.